Missions dorées, billets surclassés : Oligui serre la vis du gaspillage des agents publics et ministres

Le ton est tombé, tranchant sur les dépenses farfelues des fonctionnaires gabonais et hauts cadres. À l’ouverture du Conseil des ministres du 20 juin 2025, le président Brice Clotaire Oligui Nguema a lancé une offensive sans équivoque contre les excès de train de vie dans l’administration publique. Désormais, fini les déplacements luxueux, les billets de première classe injustifiés et les paiements en liquide à tout va. Le chef de l’État impose un régime de sobriété strict, visant à restaurer la discipline budgétaire et à mettre fin à une forme de gaspillage systémique de l’argent public.

Dans son adresse aux membres du gouvernement, il a exigé un changement radical de posture. « La discipline commence par le respect des règles de gestion financière », a-t-il rappelé, avant de valider une série de mesures concrètes, désormais opposables à tous les agents publics, du simple fonctionnaire au ministre d’État.
Billets d’avion : la fin des privilèges en altitude
Le premier coup de balai concerne les billets d’avion. Le Conseil a décidé que les agents de l’administration voyageront exclusivement en classe économique, les ministres en classe affaires et, seule exception, les ministres d’État en première classe. Toute tentative de surclassement relèvera « d’une démarche personnelle, aux frais de l’intéressé ».
Récapitulatif des mesures de discipline budgétaire :
Dépense ciblée | Nouvelle règle | Objectif |
---|---|---|
Billets d’avion (missions) | Classe éco pour les cadres, affaires pour les ministres, 1ʳᵉ classe réservée aux ministres d’État | Réduction des dépenses superflues |
Surclassements | Strictement interdits sauf à titre personnel et aux frais du bénéficiaire | Fin des privilèges dissimulés |
Paiement des missions | Interdiction des paiements en espèces au-delà de 500 000 FCFA | Traçabilité, lutte contre la corruption |
Achats de billets d’avion | Interdiction de passer par les agences, paiement direct aux compagnies | Fin des surfacturations et rétrocommissions |
Comptes spéciaux (CAS) | Rationalisation en cours | Fin des caisses noires et budgets occultes |
Jusqu’ici, les missions à l’étranger servaient trop souvent de prétexte à des dépenses somptuaires. Certains fonctionnaires n’hésitaient pas à surclasser leurs vols aux frais de l’État, au mépris de l’éthique publique. Cette époque est désormais révolue. La règle est posée : l’argent public ne paiera plus le confort individuel.
Fini le cash facile pour les missions
Deuxième chantier : le paiement des frais de mission. Le Conseil a interdit tout règlement en numéraire pour les montants supérieurs à 500 000 FCFA. Ce plafonnement respecte les normes communautaires de la CEMAC, mais surtout, il vise à lutter contre les fuites et détournements, fréquents dans l’organisation des déplacements officiels.
Les missions à l’étranger sont, de longue date, l’un des circuits les plus opaques de la dépense publique. En obligeant les administrations à passer exclusivement par des moyens de paiement scripturaux (virements bancaires, mandats, etc.), le gouvernement entend renforcer la traçabilité et réduire les fausses justifications. La politique des enveloppes est désormais proscrite.
Adieu les agences de voyages
Autre décision à haute portée symbolique : l’interdiction pour les ministères de recourir à des agences de voyages pour l’achat de billets d’avion. À la place, les paiements devront être effectués directement auprès des compagnies aériennes. Ce changement vise à éliminer les surfacturations, commissions occultes et arrangements officieux entre certaines agences et des agents publics.
Selon une source interne au ministère du Budget, ces pratiques faisaient perdre chaque année plusieurs centaines de millions de francs CFA à l’État. En centralisant les achats et en supprimant les intermédiaires, le gouvernement veut assainir un pan entier de la dépense administrative.
Une administration sous régime sec
Plus globalement, le président Oligui Nguema a appelé à une restructuration des pratiques administratives. Le mot d’ordre : efficacité, traçabilité, sobriété. Il ne s’agit pas seulement de faire des économies, mais de changer de culture administrative.
Cette ligne dure s’inscrit dans une série de décisions visant à encadrer les dépenses publiques, comme la rationalisation des comptes d’affectation spéciale (CAS), souvent utilisés comme caisses parallèles, ou encore le gel des exonérations fiscales sans évaluation de leur impact. L’administration gabonaise, longtemps perçue comme dépensière et peu efficace, est appelée à faire sa révolution.
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